Le
marathon des demandeurs d'emploi
Après
l'annonce du programme de recrutement 2013, les jeunes diplômés prennent
d'assaut chaque matin le Building administratif pour effectuer leur dépôt de
dossier afin d'être recrutés dans la Fonction publique. 2456 postes sont à
pourvoir pour appels à candidatures. Le dépôt n'est pas de tout repos.
Quelques minutes avant
8 heures. Nous sommes sur la rue Moussé Diop au cœur de Dakar. Une voie à sens
unique. C'est l'heure d'aller au travail. Quelques piétons à pas pressés
disputent la chaussée avec des automobilistes impatients. Les coups de klaxons
ne manquent pas. Le passage est cédé. Après des minutes de marche, nous voilà
devant le Building administratif. Le siège du Gouvernement du Sénégal. Un
imposant immeuble d'une dizaine d'étages. En face de l'entrée et aux abords,
des jeunes sont assis sur des bacs à fleurs, d'autres sont restés debout. Des
hommes et des femmes. Ils avaient tous, soit un sac, soit une enveloppe. Ils
attendent tous. «Je suis venu déposer à la Fonction publique», note Mamadou
Fall, un jeune âgé de 32 ans. «Je viens de Thiès. J'ai quitté depuis 5 heures
du matin», souligne-t-il, l’air fatigué. Aline Gomis est plus chanceuse que
Mamadou. Elle habite le quartier Fass. Donc pas obligé de se lever tôt. Aline
est diplômée de l'Ecole nationale des travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS).
«Dans le recrutement, l'Etat a besoin de travailleurs sociaux. Je veux tenter
ma chance». Les jeunes qui se trouvent à la devanture du «Building» se comptent
par dizaines. Ils patientent.
A l'entrée du siège du Gouvernement,
un poste de sécurité est installé. Deux gendarmes aux tenues bleues foncées veillent
au grain. L'un contrôle l'accès des voitures et des agents administratifs,
l'autre tient à sa main droite une feuille blanche. Un coup d'œil nous a permis
de voir que cent treize personnes se sont déjà inscrites. D'autres demandeurs
d'emplois viennent se renseigner. Ils rallongent la liste et attendent dehors.
«On dirait que tous les Sénégalais sont des chômeurs», ironise un jeune qui vient
d'arriver. Il est étonné par le nombre de personnes qui font le pied de grue
devant le «Building».
L'appel
du petit matin
Il est 8heures passées
de 17 minutes. Le nombre de demandeurs s'accroît. La foule se densifie devant
Building nécessitant la confection d'une autre liste. Quelques minutes après, d'un
signe de main, le gendarme, préposé à la tenue de la liste, appelle les
concernés. Les dizaines de jeunes se précipitent et se bousculent. «Doucement»,
conseille le gendarme. «C'est au premier», informe-t-il. Les jeunes diplômés
arpentent les escaliers de l'imposant bâtiment. Après le rez-de-chaussée, le
ministère de la Fonction publique, du Travail et des Relations avec les
Institutions est au premier. Une petite plaque rouge aux écritures dorées l'indique.
Une grille de protection en fer fendue d'une petite porte sépare le département
ministériel du couloir et des escaliers. Des va-et-vient incessants sont notés.
Sans oublier le vacarme provoqué par le contingent de demandeurs d'emplois qui
ne cessent d'affluer au fil des minutes.
Dans
l'antichambre du dépôt
Après quelques minutes
d'attente, l'heure du rappel a sonné. Quatre jeunes gendarmes en tenue treillis
et bérets bleus vissés sur leur tête arrivent. L'un d'entre eux, détenant la
feuille de présence, demande à la foule de se ranger à sa droite. Il explique
le processus. «Je vais appeler les gens par ordre d'arrivée et les autres vont
attendre. Tous ceux qui sont appelés sont tenus de présenter leur carte
nationale d'identité», renseigne-t-il. Le gendarme appelle un groupe de vingt personnes.
Ils font la queue, tandis que deux autres gendarmes récupèrent les pièces
d'identification. Une vague de dix jeunes diplômés font leur entrée dans le
couloir qui mène au bureau de dépôt. Ils attendent devant un bureau où sont
installés deux fonctionnaires de l'Etat. «Demande manuscrite, extrait de
naissance, casier judiciaire, certificat de bonne vie et mœurs, photocopie des
diplômes, certificat de visite et contre-visite médical», énumère l'un des agents
administratifs. Les agents du ministère vérifient si les pièces demandées sont
au complet. Les six pièces précitées sont les seules acceptées. Des cv ont été
renvoyés à leur propriétaire.
Bureau
119
L'ensemble des pièces
fournies est agrafé en compagnie d'une fiche de dépôt. Cette étape évacuée, le
demandeur est renvoyé au bureau courrier, numéro 119. Une petite queue. Ici
l'attente est moins longue. Les pièces sont encore vérifiées, les données
enregistrées à l'aide d'un ordinateur de bureau. La dernière étape, c'est le
bureau où sont compilées toutes les demandes. Plusieurs caisses contenant des
demandes occupent l’espace. Elles renseignent sur la fréquence des dépôts. Pour
une confirmation de votre dépôt, vous recevez une petite feuille blanche avec
des écritures rouges où on peut lire : «République du Sénégal, M.F.P.T.R.I,
Courrier ordinaire». La date et le numéro de dépôt sont mentionnés. «Je suis
soulagé après le dépôt», déclare Aïssatou Dia. Son numéro dépasse le chiffre 3300.
«J'attends qu'on m'appelle», espère-t-elle, tout sourire. Un espoir après une
longue journée d’attente.
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